1959, Paris-Jour, premier tabloïd
En rachetant le quotidien Franc- tireur, en 1957, Cino Del Duca pénètre dans l’univers très fermé du journalisme d’information. Avant de se lancer en France, il participe quelques mois à la parution d’un nouveau quotidien Il Giorno en Italie.
La propriété d’un quotidien est le rêve de tout homme de presse. Une nouvelle équipe est recrutée pour développer une maquette innovante en s’inspirant du tabloïd anglais. Cette formule aboutit avec Paris Jour, en 1959, un quotidien populaire. Le format n’est qu’un aspect même si les utilisateurs sont satisfaits de la réduction de la taille. Surtout la conception s’oriente vers un journal populaire à l’anglo-saxonne avec la primauté pour l’information choc. La vie de Paris-Jour connaît de nombreuses vicissitudes mais il n’en demeure pas moins que ce quotidien national reste le seul à améliorer ses ventes.
En mai 1967, Cino Del Duca meurt subitement à Milan. Rien n’était prévu pour sa succession, Simone Del Duca alors la présidente du groupe.
Malgré la progression de la diffusion, les résultats financiers du titre restent précaires car son volume de publicité demeure limité. Son déficit se creuse avec l’expérimentation de l’impression en couleur. En janvier 1972, la direction décide de procéder à des licenciements. La rédaction se met en grève et aucune négociation n’aboutit à tel point que Simone Del Duca décide de fermer le quotidien. Malgré une convocation chez le Premier Ministre, elle ne revient pas sur sa décision et elle licencie près de 200 personnes. La fermeture de Paris-Jour entraîne un vif débat sur la crise de la presse. Elle concerne surtout la presse nationale. Les magazines et les quotidiens régionaux ne souffrent pas des mêmes problèmes. Les causes sont multiples. Elles sont d’ordre économique : le prix de revient est trop élevé. Elles sont sociologiques : le lecteur ne s’informe plus par le journal. Elles sont politiques : les quotidiens manquent d’un statut spécifique. Elles sont organisationnelles : le monopole d’embauche des imprimeurs par les syndicats bloque la modernisation. Si les analyses divergent, tous les acteurs sont unanimes sur l’ampleur de cette crise.